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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 01:47

 

 

Les gros bonnets contrôlent la masse monétaire dans la jungle boursière

LE MARCHÉ INFORMEL DES DEVISES EST TOUJOURS AUSSI FLORISSANT AU CHEF-LIEU DE LA WILAYA DE ANNABA. L’ACTIVITÉ PREND DE L’AMPLEUR POUR CE MARCHÉ PARALLÈLE QUI S’ENFLAMME AU FIL DES MOIS DE L’ANNÉE ET SURTOUT À L’APPROCHE DES FÊTES DE FIN D’ANNÉE AVEC LES AFFAIRISTES QUI VISENT UNIQUEMENT LE GAIN FACILE ET RAPIDE.

C’est plus d’une cinquantaine d’agents de change qui sont quotidiennement présents debout près de leurs voitures stationnées à la rue Ibn Khaldoun, au centre-ville de Annaba. On les reconnaît facilement avec les liasses de billets de banque à la main , un téléphone portable et une machine à calculer. En cette période, le marché de la devise est florissant pour ces cambistes, et leur profession s’est considérablement renforcée durant les deux derniers mois à la faveur du retour de l’étranger de nombreuses personnes après des petits voyages. Cet état de fait constitue donc l’une des principales causes d’une spectaculaire montée de la monnaie européenne qui a franchi dernièrement la barre des 150 DA pour lequel le business du change parallèle est hautement lucratif et l’argent, devises et dinars confondus, coule à flots. Or, les 100 euros sont achetés à 14 300 DA et revendus pour la somme de 14 650 DA chez ces commerçants ambulants, soit un euro qui se vend chez les «beznassia» à 146 DA tandis que le dinar tunisien vaut 100 DT pour 720 DA. Outre le fait qu’on les reconnaît aisément, c’est lors des transactions qui se font à toute heure de la journée au vu et au su de tout le monde. A notre arrivée sur les lieux, une scène a retenu notre attention : un client est abordé par quatre cambistes. Chacun lui  propose ses services, la «bourse» du change de Annaba fonctionnant en dehors du circuit bancaire s’est forgée la réputation d’une véritable institution non officielle. «Ici on peut effectuer le change sur place de plusieurs millions de centimes sans jamais craindre l’intervention d’aucune autorité ni celle de la brigade financière !», nous dira un citoyen rencontré sur les lieux. Une formidable masse monétaire incontournable circule dans cette jungle boursière. Certains trabendistes exhibent des liasses de billets de 50 euros afin d’attirer les clients ne pouvant obtenir des devises auprès des banques. Si l’acheteur veut acquérir une grosse somme en euros ou en dollars, le vendeur peut lui consentir une ristourne estimée à 60 DA sur les 100 euros. Il faut dire que le gain est énorme. Spéculation des devises Certains spéculateurs ont stocké leurs devises pour les revendre lorsque l’euro prendra encore des ailes, indique une source proche de ces cambistes. Notons que le dollar américain est lui aussi très demandé sur ce marché. La masse monétaire en devises principalement s’est envolée ces derniers jours. Il est de 30% plus cher que le cours officiel qui tourne autour des 104 DA. Or, cette hausse subite est due aux importateurs qui achètent des produits de consommation en prévision des fêtes annuelles. En effet les cambistes effectuent en premier lieu la conversion sur leurs calculatrices dans la main avant d’acheter ou de vendre les billets, a-t-on constaté sur les lieux. Certains cambistes avancent plusieurs avis pour tenter d’expliquer cette envolée de l’euro. «Il y a des moments comme la période du Hadj ou de la Omra où les devises coûtent cher !», nous ont-ils déclaré. Le manque de l’euro est causé aussi par la baisse de l’épargne des immigrés en raison de la crise mondiale. Ils avaient l’habitude d’alimenter le marché des devises à Annaba. Certaines personnes nous ont révélé que les devises entrent au pays par ruse. Elles sont dissimulées dans les marchandises importées : vêtements, faïences, et autres objets. Le gain est considérable De toute évidence les quantités échangées sont considérables compte tenu du nombre important de personnes qui ont investi ce créneau particulièrement juteux. Par ailleurs, d’après un revendeur, beaucoup de clients possèdent des devises à la maison et préfèrent les vendre du fait qu’ils ne peuvent ouvrir des comptes bancaires. Notre interlocuteur ajoute que «les petits monnayeurs ne représentent rien pour les gros bonnets du trafic de devises». Ces gros pontes du marché parallèle reconnaissables au costume flambant neuf qu’ils portent, aux voitures luxueuses, tenant deux portables de part et d’autre pour des coups de fil urgents sont à chaque instant connectés à leurs acolytes dans les zones névralgiques du commerce des devises, comme par exemple Tizi Ouzou - qui reste apparemment le premier fournisseur -, Alger, Oran, Sétif et Constantine. Le revendeur nous confie que «ces patrons du marché informel sont parfaitement renseignés sur l’activité douanière qui peut, à tout moment, influencer le cours des devises». «Cette flambée de l’euro, tient-il à préciser, est provoquée volontairement; avant c’était le deutschemark , le franc suisse, la livre sterling, le yen japonais et la couronne suédoise qu’on achetait». Alors qu’on discute avec notre interlocuteur, trois hommes arrivent avec des sacs à la main. Ils sont à la recherche de quelqu’un pouvant leur échanger une forte somme d’euros. Deux cambistes se présentent illico presto et leur demandent «Avez-vous une petite ou une grosse somme ?». De grosses liasses de billets de 1 000 DA font alors leur apparition sous nos yeux. La transaction est effectuée sans aucun appareil de détection de fausse monnaie car il faut savoir que le marché n’échappe pas à l’arnaque. Les réseaux de faux monnayeurs existent dans les différentes régions du pays. Ce sont généralement les importateurs des produits étrangers et les fournisseurs retraités qui effectuent ces transactions. Le gain est considérable, pouvant se chiffrer à plusieurs millions de centimes par jour, en termes de chiffre d’affaires, au vu du nombre important de clients qui les sollicitent quotidiennement. Ils sont commerçants, trabendistes, retraités pensionnaires en France ou pèlerins. A ce sujet il est fort probable que des opérations coup de poing seront déclenchées par les services de police et de la gendarmerie. Ainsi la préoccupation majeure des cambistes informels reste la crainte d’une descente inattendue de la police économique.

OKI FAOUZI
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